Les enjeux et la structuration du commerce équitable au Burkina Faso

Les milliers de victimes liées aux incendies d’usines textiles en Inde et au Bangladesh, au printemps dernier, ont renforcé la prise de conscience des consommateurs occidentaux sur les conditions de travail dramatiques auxquelles sont exposé(e)s les ouvrier(e)s de ce secteur. Néanmoins, le commerce équitable ne représente encore qu’une part minime du commerce mondial dans l’industrie textile. Avec des ventes estimées à 3,1 milliards d’euros, dont 80 % pour les produits alimentaires, les artisans des pays en développement et en particulier en Afrique souffrent toujours de difficultés pour vivre de leur travail.

Cotonculteur burkinabé

L’artisanat textile africain souffre de la concurrence des produits asiatiques fabriqués à moindre coût, ce qui entraîne des prix à la baisse sur les marchés à l’export . Les artisans doivent alors se démarquer par une amélioration du design et de la qualité, une diversification des usages, un renforcement du service commercial, et une meilleure structuration des filières. Ces efforts leur permettent de revendiquer un positionnement plus haut de gamme, et de s’ouvrir à de nouveaux marchés, notamment à l’international.
Le design de l’artisanat en Afrique de l’Ouest, inspiré de traditions séculaires et diversifiées, est apprécié par de nombreux consommateurs des pays du Nord. Toutefois, la finition des produits et la crédibilité des producteurs et commerçants dans leur capacité à assurer une qualité et un approvisionnement réguliers posent problème. Les débouchés pour les productions africaines sont donc limités ou cantonnés à l’exportation de produits bruts (coton égrainé ou fil) qui seront ensuite transformés industriellement en Asie ou au Maghreb, régions qui capteront alors une plus grande part de la valeur ajoutée.
C’est le cas typique du coton, un des principaux produits d’exportation du Burkina Faso et du Mali dont 99 % des récoltes sont transformées hors de leur zone de production.

Fils colorés prêts à être tissés

Fils colorés prêts à être tissés

Pour répondre à ces problématiques et trouver des solutions collectives aux défis qui se présentent à eux, les producteurs du Burkina Faso se sont ainsi mis en réseau. Nous avons rencontré Lassane Ouedraogo secrétaire général de La Plateforme Nationale du Commerce Equitable – Burkina Faso (PNCE-B) le mardi 30 juillet, qui nous a chaleureusement reçus dans la cour de son espace culturel et de résidence artistique Napam Beogo.

Il nous explique que l’objectif principal de la Plateforme créée en 2008 est aujourd’hui la sensibilisation et l’éducation aux enjeux du commerce équitable. Elle compte aujourd’hui dix-neuf organisations membres (associations, coopératives, groupements économiques) dans des secteurs variés comme l’agro-alimentaire, l’artisanat textile, le travail du bois et des métaux. Elle a pour autres missions la mise en relation des acteurs du commerce équitable dans le pays, la formation et le renforcement de leurs capacités, la promotion des produits et des principes du commerce équitable.

Au rang des solutions et des démarches entreprises, un cahier des charges est en cours de rédaction avec le soutien de l’ONG Enda Tiers-Monde basée à Dakar. Il aura pour but de définir des critères d’exigence et de progrès liés à l’éthique, à l’engagement social, environnemental et économique, dans une démarche participative.
L’organisme de certification français Ecocert présent au Burkina Faso réalise déjà des audits des membres pour s’assurer de la qualité des produits et du respect de normes biologiques et équitables.
Des partenariats durables ont également été tissés avec des associations et structures commerciales (Ingalan, Andines) pour élargir les débouchés, appuyer la formation des acteurs locaux, comme avec l’Ecole Saint-Félix à Nantes spécialisé dans le commerce équitable qui envoie régulièrement des stagiaires se former au sein de la plateforme et de ses membres.

Afrika Tiss souhaite s’inscrire dans cette dynamique en s’engageant à respecter les critères sociaux tels que définis par les membres de la PNCE-B et à sensibiliser ses consommateurs sur les enjeux du commerce équitable dans le secteur textile.

Sources :

– Centre d’Information Technique et Economique (CITE), 2011, Identification des freins et leviers du commerce équitable pour les organisations d’artisans à Madagascar, Rapport final, 105 p.

– Plateforme Nationale du Commerce Equitable – Burkina Faso.

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Définition du commerce équitable selon la FINE* (2001) :

« Le Commerce Equitable est un partenariat commercial, fondé sur le dialogue, la transparence et le respect, dont l’objectif est de parvenir à une plus grande équité dans le commerce mondial. Il contribue au développement durable en offrant de meilleures conditions commerciales et en garantissant les droits des producteurs et des travailleurs marginalisés, tout particulièrement au Sud de la planète. Les organisations du Commerce Equitable (soutenues par les consommateurs) s’engagent activement à soutenir les producteurs, à sensibiliser l’opinion et à mener campagne en faveur de changements dans les règles et pratiques du commerce international conventionnel ».

*FINE regroupe les quatre organisations internationales du commerce équitable : Fairtrade Labelling Organisation (FLO), International Federation for Alternative Trade (IFAT), Network of European World Shops (NEWS), European Fairtrade Association (EFTA)

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